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Consent

Les multiples formes du consentement en bal

En ce jour de mobilisation internationale pour les droits des femmes, il est temps de faire un rapide focus sur… le consentement en bal ! Vous vous direz peut-être que le mot consentement, on l’a déjà vu 1000 fois maintenant, on sait ce que ça signifie dans la vie personnelle comme dans la vie en bal. Et pourtant, en y réfléchissant l’autre jour, je me suis dit que le mot signifiait bien plus qu’on ne le pense.

Le consentement fait partie de l’invitation à danser

Lorsque nous nous rendons au bal, il est sous-entendu notre intention première sera de danser. Pour autant, ce n’est pas la seule motivation qui peut animer une personne. On peut y aller pour retrouver des amis et discuter, écouter la musique… En outre, nous entrons dans le bal avec notre passé, notre état de fatigue, notre état de santé… En bref, tout le monde n’aura pas pour autant l’intention de danser toutes les danses ni n’importe quoi ni n’importe comment.

Ainsi, le consentement, au bal comme dans la vie, permet de poser les conditions et les limites qui nous permettront de profiter pleinement du moment selon des termes qui nous sont personnels.

D’une manière générale, on va beaucoup parler du consentement au moment de l’invitation, mais il revêt bien d’autres aspects. Le consentement, c’est aussi l’occasion de se mettre d’accord sur la manière dont va se passer l’interaction de danse.

L'invitation

L’invitation à la danse

C’est la base, alors j’espère que c’est acquis pour tout le monde. L’entrée dans la danse se fait après accord explicite de l’autre personne, cet accord pouvant être donné verbalement ou visuellement, et de manière enthousiate.

Je préciserai qu’à mon sens, cet accord devrait être demandé dans toutes les situations : qu’il s’agisse de votre conjoint, vos amis, votre partenaire de danse, les profs, ou même les autres participants d’un atelier.

Le respect d'un potentiel refus

Le respect d’un potentiel refus

Bien sûr, quand on invite à danser, il y a la potentialité d’un refus. A mon sens, c’est le plus gros chantier de travail collectif que nous avons à faire : savoir exprimer son refus (cordialement) et savoir accepter les refus (gracieusement).

C’est difficile, de refuser une personne, de peur de sa réaction, d’une potentielle insistance… C’est d’autant plus compliqué quand on est jeune ou nouveau et qu’on a peur d’être mis à l’écart.

C’est aussi compliqué pour l’ego, de recevoir un refus, d’autant que la personne a le droit :

  • de ne pas donner de raison
  • de vouloir danser avec quelqu’un d’autre juste après
  • de ne pas nous promettre une danse dans le futur

Enfin, je trouve particulièrement important de ne pas argumenter ou insister face à quelqu’un qui refuse une danse.

Il va sans dire que le refus est plus facile à digérer quand il est exprimé avec gentillesse et bienveillance.

Le libre choix du rôle de danse

Le libre choix du rôle de danse

Pour moi, les échanges autour du choix du rôle de danse font partie de la démarche de consentement. Quel rôle la personne souhaite-t-elle faire ? Et moi ? Est-ce un accord fixe ou la personne souhaite-t-elle échanger au cours de la danse ?

J’ajoute que ce n’est pas parce qu’une personne exprime une préférence que l’autre est obligé d’accepter. À titre d’exemple, beaucoup d’hommes me demandent de les guider. C’est super que les hommes se mettent à suivre, mais à certains moments, je n’ai pas l’énergie.

C’est donc un échange, et si on ne trouve pas de terrain d’entente, ce n’est pas grave, peut-être qu’on se retrouvera dans d’autres danses.

La posture et le confort

La posture et le confort

La personne a donné son accord pour danser, et on a réparti les rôles, c’est super ! Reste la posture : j’aime beaucoup danser avec des gens qui se soucient du confort de leur partenaire. Bien sûr, on invite toutes les personnes à verbaliser quand elles se sentent inconfortables.

Mais pourquoi ne pas tout simplement demander avant et au cours de la danse : Es-tu confortable ? Et on ajuste.

Quand vous donnez votre consentement pour une danse, ce n’est évidement pas pour finir avec l’épaule douloureuse, le dos en vrac et la désagréable sensation d’avoir dansé trop près.

Le respect du corps de l'autre

Le respect du corps de l’autre

Je sais d’expérience que quand on est valide et bien portant, on peut oublier qu’il n’en est pas de même pour tout le monde. Je trouve donc important d’être à la fois attentif et accessible, pour que notre partenaire puisse exprimer un éventuel inconfort. Que ce soit une douleur chronique au dos ou aux genoux, une tendinite au poignet ou des douleurs articulaires… Peu importe.

Pour moi, le consentement, c’est aussi s’informer des mouvements que peuvent faire les partenaires, et adapter sa danse ou sa posture en conséquence (et s’y tenir, bien sûr).

La possibilité d'arrêter la danse

La possibilité d’arrêter la danse à tout moment

Enfin, le consentement, c’est accepter sans condition et avec bienveillance que la danse s’arrête en cours de route. Il y a plein de raisons qui peuvent faire que votre partenaire souhaite arrêter la danse. La plus dramatique serait que vous n’ayez pas respecté l’un des points précédents ou que vous n’auriez pas respecté ses demandes d’ajustement au cours de la danse.

Mais il peut aussi y avoir des facteurs extérieurs : la personne est fatiguée, il y a trop de monde, le son est trop fort, la musique trop compliquée… Bref, le recours à un arrêt de la danse est possible. Si vous sentez que la personne n’est pas bien, n’hésitez pas à lui proposer d’arrêter si elle le souhaite. Pour moi, c’est vraiment la marque d’une personne respecteuse et considérée.

Le consentement n’ira pas sans la gentillesse et la bienveillance

J’aimerais que vous dire que l’obtention et le respect du consentement suffisent à faire tourner une soirée de danse. Bien sûr, j’estime que c’est un impératif, la base, la porte d’entrée vers une communauté saine. Pour autant, cela ne peut fonctionner que si il va de pair avec la gentillesse et la bienveillance.

Gentillesse, bienveillance et politesse dans les interactions, tout d’abord : comme je le mentionnais, refuser ou recevoir un refus est un acte social parfois compliqué.

Ensuite, on m’a fait remarquer qu’à trop insister sur la possibilité du refus de la danse sans insister sur la tolérance, certaines personnes se retrouvent exclues plus facilement. Les premières personnes qui pâtissent d’un rejet de leur invitation sont les personnes qui sortent de la norme, pour tout un tas de raison : élitisme, validisme, grossophobie, âgisme, homophobie, racisme, transphobie…

L’idée serait donc d’être attentif à ses propres limites et à son propre confort, sans tomber dans une approche de consommation auto-centrée et discriminante de la danse. Je vous laisse méditer sur cette idée, je n’ai pas toutes les réponses… On s’en reparle !