Je danse donc j'écris

C’est l’histoire d’un bal, un grand bal

C’était hier le jeudi 5 juillet, l’avant-première du film « Le Grand Bal » de Lætitia Carton, dans le petit Luminor, cinéma coquet du Marais à Paris, suivie d’un bal folk organisé par Paris Bal Folk, et animé par Aurélien Clarambaux et Tony & The Sof. La séance affichait complet, et les danseurs parisiens se pressaient à l’entrée pour découvrir ce film dont le trailer les a tenu en haleine pendant 1 an et demi. Et avec à l’esprit la question : au delà du trailer, est-ce que ce film arrivera à représenter l’atmosphère de Gennetines, le Grand Bal, et de l’univers du bal folk ? Est-ce que je pourrais y envoyer mes proches non danseurs pour pouvoir enfin leur dire « vas voir ce film, tu comprendras ce que je vis » ?

C’est l’histoire d’un bal. D’un grand bal. Chaque été, plus de deux mille personnes affluent de toute l’Europe dans un coin de campagne française. Pendant 7 jours et 8 nuits, ils dansent encore et encore, perdent la notion du temps, bravent leurs fatigues et leurs corps. Ça tourne, ça rit, ça virevolte, ça pleure, ça chante. Et la vie pulseSynopsis
Le film est un documentaire d’1h39, composé de plans longs qui donnent le temps d’apprécier l’atmosphère, la musique, les gens, entrecoupé d’une voix-off qui, ici et là, nous explique le fonctionnement du bal, nous donne un peu de contexte. C’est contemplatif, c’est lent, c’est l’été. Laetitia se focalise sur les visages, les personnes. Elle tient à représenter la diversité des âges, les nouveaux et les anciens, à alterner les moments de joie avec de la poésie, le jour et  la nuit. Les scènes s’enchainent naturellement, sans suivre d’ordre ou de personne en particulier. On y aborde quelques thèmes importants : le consentement, l’inclusion des débutants, le respect du corps de l’autre, l’apprentissage, mais aussi les difficultés que peuvent rencontrer les nouveaux danseurs, la solitude et la fatigue.

Elle a de l’humour Laetitia, c’est léger, c’est dans les regards, les petites phrases, dans les détails.

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Un montage de talent qui arrive à garder le public attentif au film avec des petites piques qui font rire les danseurs : la fille qui se rendort en se brossant les dents, l’attitude des deux jeunes hommes qui se croisent dans le cercle, le briefing des petits scouts, les gens qui se trémoussent devant leur plateau repas… Et ce canapé qui revient à intervalle régulier et on se demande « quel type de personne sera assis dessus cette fois ? »

Apprécier le film quand on est pas danseur

Alors bien sûr quand on est danseur on voit plein de potes défiler à l’écran, et tout le monde est beau, l’image est très belle et la musique aussi. La salle rigole quand on voit une tête bien connue ou une situation typique. Il faudra poser la question à des non-danseurs, mais certaines voix, certains témoignages leur sont directement adressé, avec des récits de gens qui repartent faute d’avoir réussi à s’intégrer, des gens qui essuient des refus à cause de leur niveau de danse. Ce film montre la grande humanité du bal folk, mais ne cache pas non plus que la réalité n’est pas toujours parfaite.

Un film « néo » ?

Je ne sais pas si ce film plaira aux plus traditionnels d’entre nous.

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J’ai bien aimé le petit côté danse traditionnelle, l’alternance entre danseurs de bourrées 3 temps modernes et images d’archives, cette superbe scène de congo de captieux qui raconte une histoire où on se rend compte de toute l’interaction des danseurs entre eux. On parle aussi beaucoup de la mazurka, celle qui finit en gros câlin et qui montre les danseurs comme de joyeux hippies. Mais le grand bal, c’est aussi tout ça.

Laetitia Carton n’a pas pu tout montrer bien évidement, j’imagine qu’avec ses images elle aurait eu de quoi faire trois films, qu’il y aurait eu de quoi contenter les débutants, les experts, les tradeux, les mazurkalins… Mais pour moi, l’essentiel est là, le pari est remporté. C’est beau, efficace et délicat. Vous repartirez avec le sourire.

Le Grand Bal sort en salles le 31 octobre. D’ici là, retrouvez les avant-premières du film suivies de leurs bals sur www.legrandbal.fr
Claire

Claire, membre de Paris Bal folk, enseigne les danses folk, notamment de couples depuis 3 ans à Paris. Fervente militante pour une danse dégenrée, le coguidage et la participation active des suiveurs dans la danse, elle s'inspire beaucoup des autres danses qu'elle pratique comme le tango, le forro, le blues dancing et le lindy hop.

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